Loi anti airbnb : les nouvelles règles de location en 2025

Depuis 2008 (date de création de Airbnb), l'essor des plateformes de location courte durée a radicalement transformé le marché locatif en France. Si cette évolution a offert des opportunités économiques aux particuliers, elle a également entraîné de fortes tensions sur le marché du logement. En réponse à ces enjeux, la loi anti airbnb, en vigueur à partir de 2025, introduit de nouvelles règles strictes pour réguler les locations saisonnières sur les plateformes telles que Airbnb, Abritel, Booking... Découvrez dans cet article les principales dispositions de cette nouvelle loi anti airbnb, leur contexte, et leur impact.

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Contexte de la loi anti airbnb 2025

Un bref historique de la location saisonnière

Depuis sa création en 2008 aux USA par Brian Chesky, Nathan Blecharczyk et Joe Gebbia, Airbnb a révolutionné l’industrie touristique. En proposant une alternative aux hôtels, la plateforme a permis à des millions de voyageurs de bénéficier d’hébergements uniques et souvent moins coûteux. Au 30 juin 2024, Airbnb comptabilise plus de 8 millions d’annonces actives dans le monde.

Toutefois, cette croissance fulgurante n’est pas sans conséquences. En France, de nombreuses municipalités, particulièrement sur les littoraux et dans les zones de montagne, alertent sur la tension immobilière qui s’est accrue depuis 10 ans. Tension immobilière qui pourrait être liée en grande partie à l’impact des locations saisonnières.

Airbnb : quel impact sur le marché locatif français ?

L’augmentation des locations de courte durée a provoqué une raréfaction des logements disponibles pour les résidents permanents.

Depuis 2021, l’évolution des loyers des logements de petites surfaces a augmenté en moyenne d’environ 15% dans les villes sans encadrement des loyers (et de 8,8% dans celles pratiquant l’encadrement des loyers (Source).

Par ailleurs, des collectifs citoyens et des municipalités ont exprimé des inquiétudes concernant l’impact sur la vie locale, avec une baisse de la disponibilité des logements longue durée.

Ainsi depuis plusieurs années, il existe un vrai arsenal de mesures à disposition des communes pour réguler l’offre de locations airbnb. Ces mesures qualifiées d’anti airbnb peuvent être classées en fonction de leur degré de contrainte pour les propriétaires airbnb.

Les 6 principales modifications apportées par la loi anti airbnb

1# Nouveaux taux de l’abattement fiscal pour les meublés de tourisme

À partir du 1er janvier 2025, les règles fiscales changent drastiquement :

  • Pour les meublés de tourisme classés : l’abattement passe de 71% à 50%, avec un plafond de revenus annuels établi à 77 700€.
  • Pour les meublés de tourisme non classés : l’abattement chute de 50% à 30%, avec un plafond de revenus annuels abaissé à 15 000€.

Ces mesures visent à réduire l’attrait fiscal des locations saisonnières au profit des baux longue durée.

2# Un bon DPE devient obligatoire

En France métropolitaine, les nouveaux meublés de tourisme situés en zones tendues et soumis à autorisation de changement d'usage devront respecter les critères suivants :

  • DPE avec un classement compris entre les classes A et E du 21 novembre 2024 au 31 décembre 2033,
  • Tous les biens devront atteindre un DPE entre la classe A et D d’ici le 1er janvier 2034.

Cette règle s’inscrit dans une volonté globale de lutter contre les passoires thermiques.

3# Location de sa résidence principale : la limite des 90 jours par an

Jusqu’ici fixée à 120 jours par an, la durée maximale de location saisonnière pour une résidence principale peut être réduite à 90 jours par an. Ce sont les maires de chaque commune qui peuvent prendre cette décision.

Paris est la première ville  qui a appliqué cette limite de 90 jours par an comme durée maximale pendant laquelle les résidences principales peuvent être louées à des touristes. De quoi donner des idées à d’autres municipalités !

Les contrevenants s’exposent à des amendes pouvant atteindre 15 000€ !

4# De nouveaux pouvoirs aux maires

Les municipalités disposent de pouvoirs élargis pour :

  • Définir des quotas de locations touristiques par quartier.
  • Interdire les locations saisonnières dans certaines zones résidentielles.
  • Renforcer les contrôles et infliger des amendes pour non-respect des régulations.

5# Enregistrement obligatoire des biens immobiliers

Au plus tard le 20 mai 2026, toutes les locations de meublés touristiques devront faire l’objet d’un enregistrement auprès d’un téléservice national dédié. Le propriétaire bailleur devra apporter la preuve que le logement proposé à la location est bien sa résidence principale, en fournissant son avis d’imposition établi à son nom avec l’adresse du meublé de tourisme.

6# Modification du règlement de copropriété

Dès 2025, tout copropriétaire qui déclare un bien en mairie comme meublé de tourisme devra également informer son syndic de copropriété.

Par ailleurs, les copropriétés pourront interdire les locations airbnb via un vote à la majorité des deux tiers, remplaçant ainsi la règle actuelle qui exige l’unanimité.

Concernant les nouveaux règlements de copropriété : ils pourront interdire ou autoriser les meublés de tourisme dans les immeubles concernés.

Loi anti-airbnb : 2 principaux objectifs

1# Combattre les passoires énergétiques

La loi anti-Airbnb vise en premier lieu à aligner les objectifs de location avec ceux de la transition énergétique. En imposant des diagnostics de performance énergétique (DPE) obligatoires pour les meublés de tourisme, elle contraint les propriétaires à rénover leurs biens pour réduire leur consommation énergétique. Ces mesures participent également à la lutte contre les passoires thermiques, une priorité nationale dans le cadre des objectifs climatiques de la France.

2# Limiter la crise du logement

L’autre grand objectif de cette nouvelle loi est de préserver l’accès au logement pour les habitants permanents. En ayant l'autorisation de limiter la durée de location des résidences principales à 90 jours par an, chaque maire entend dissuader les propriétaires de privilégier les locations saisonnières au détriment des baux longue durée.

De plus, la révision de la fiscalité rend les locations classiques plus attractives, rééquilibrant ainsi l’offre locative en faveur des résidents permanents.

Loi airbnb : quelles conséquences pour les propriétaires bailleurs ?

Savoir s’adapter aux nouvelles règlementations

Les propriétaires, s’ils souhaitent devenir hôtes airbnb, devront si besoin effectuer des travaux de rénovation énergétique pour se conformer aux nouvelles exigences du DPE. Cette mise en conformité représente un investissement significatif, mais pourrait également valoriser les biens à long terme.

Les propriétaires bailleurs devront également respecter les différentes réglementations de la ville dans laquelle se situe leur meublé de tourisme, et se tenir informé régulièrement de leur mise à jour.

Beaucoup de propriétaires ont de réelles inquiétudes face à une perte potentielle de leurs revenus et des nouvelles contraintes administratives. Cependant, certains y voient une opportunité de professionnalisation de leur activité.

Risques de sanctions et pénalités

Le durcissement des sanctions risque de dissuader les contrevenants. Les bailleurs devront également s’assurer de suivre les procédures d’enregistrement et de respecter les quotas locaux.

Voici une liste non exhaustive du montant des amendes administratives prévues en cas de manquement à la réglementation en vigueur pour la location saisonnière : 

  • jusqu’à 5 000 € en cas de violation des règles relatives au DPE
  • jusqu’à 15 000 € en cas de dépassement du nombre de jours de location autorisé sur la commune
  • jusqu’à 10 000 € en cas de défaut d'enregistrement d'un meublé de tourisme
  • jusqu’à 20 000 € en cas de fausse déclaration ou d’utilisation d’un faux numéro d’enregistrement.

Quels impacts de la loi anti-airbnb sur le marché locatif ?

Évolution des prix des locations

La diminution des biens disponibles pour la location saisonnière pourrait entraîner une baisse des loyers dans les zones tendues, selon une étude de l’Institut Montaigne (2023).

La diminution du nombre de biens disponibles pour la location saisonnière devrait influencer les prix des loyers dans les zones tendues. Une partie des locations touristiques pourrait revenir sur le marché locatif traditionnel, contribuant à modérer les hausses de loyers observées ces dernières années. Cependant, ces effets pourraient varier en fonction des politiques locales mises en place par les municipalités.

Accessibilité au logement pour les locataires

Pour rappel, toutes ces mesures visent à rééquilibrer l’offre locative en faveur des résidents permanents. En libérant des logements initialement destinés au tourisme, cette loi anti-airbnb pourrait améliorer l’accessibilité des logements dans les centres-villes, notamment pour les ménages à revenus modestes ou moyens. Ce changement pourrait également redynamiser les quartiers historiquement affectés par une mono-activité touristique.

Mais les plateformes se défendent en apportant des contre-arguments. En effet, la crise du logement en France a bien d’autres facteurs plus ou moins anciens tels que le manque de constructions neuves, la grande proportion de logements vacants ou de résidences secondaires, les évolutions démographiques polarisées dans les zones tendues, ou encore des facteurs macro-économiques (taux d’intérêt, revenus des français…).

Conclusion

La loi anti-Airbnb marque une étape majeure dans la régulation des locations courtes durées. En réconciliant les besoins des habitants et les opportunités économiques, elle redessine l’équilibre entre tourisme et vie locale. Si ces réformes sont ambitieuses, leur succès dépendra de leur mise en application selon les réalités de chaque marché local; et de la capacité des acteurs à s’y adapter ! Enfin, ces mesures dédiées à la régulation des meublés de tourisme doivent être accompagnées de réformes à plus large échelle pour solutionner la crise du logement. Comme l’accélération de la construction de logements neufs et la rénovation des logements vacants.